Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/200

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femble avoir formés juftes & bons, il en eft peu qui aient affez de déſintéreſſement, de courage & de grandeur d’âme, pour faire le bien au dépens de quelque ſacrifice.

Cependant les Quakers ont donné récemment un exemple qui doit faire époque dans l’hiſtoire de la religion & de l’humanité. Au milieu d’une de ces aſſemblées où tout fidèle qui ſe croît mû par l’impulſion de l’Eſprit-Saint, a droit de parler, un de ces frères (celui-là ſans doute étoit inſpiré) s’eſt levé & a dit : « Juſques à quand aurons-nous deux conſciences, deux meſures, deux balances ; l’une en notre faveur, l’autre à la ruine du prochain ; toutes deux également fauſſes ? Eft-ce à nous, mes frères, de nous plaindre en ce moment que le parlement d’Angleterre veut nous aſſervir, nous impoſer le joug du ſujet, ſans nous laiſſer le droit du citoyen ; tandis que depuis un ſiècle nous faiſons tranquillement l’œuvre de la tyrannie, en tenant dans les fers du plus dur eſclavage des hommes qui ſont nos égaux & nos frères ? Que nous ont fait ces malheureux que la nature avoit séparés de nous par des barrières ſi redou-