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Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/209

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chement réciproque des parens & des enfans, l’amour conjugal, cet amour ſi pur, ſi délicieux, pour qui ſait le goûter & mépriſer les autres amours. C’eſt-là le ſpectacle enchanteur qu’offre par-tout l’Amérique Septentrionale : c’eſt dans les bois de la Floride & de la Virginie ; c’eſt dans les forêts même du Canada, qu’on peut aimer toute ſa vie ce qu’on aima pour la première fois ; l’innocence & la vertu, qui ne laiſſent jamais périr la beauté toute entière.

Si quelque choſe manque à l’Amérique Angloiſe, c’eſt qu’elle ne forme pas précisément une nation. On y voit tantôt réunies & tantôt éparſes, des familles des diverſes contrées de l’Europe. Ces colons, en quelque endroit que le haſard ou leur choix les ait fixés, conſervent avec une prédilection indeſtructible, la langue, les préjugés & les habitudes de leur patrie. Des écoles & des égliſes séparées, les empêchent de ſe confondre avec le peuple hoſpitalier qui leur ouvrit un refuge. Toujours étrangers à cette nation par le culte, par les mœurs, & peut-être par les ſentimens ; ils couvent des germes de diſſenſion, qui peuvent un jour cauſer la ruine &