Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/243

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rope, où l’eſclavage ſemble depuis long-tems s’être aſſis au milieu des vices, des richeſſes & des arts ; où le deſpotiſme des armées ſoutient le deſpotiſme des cours ; où l’homme, enchaîné dès ſon berceau, garrotté des doubles liens & de la ſuperſtition & de la politique n’a jamais reſpiré l’air de la liberté : ſi dans ces contrées cependant, ceux qui ont réfléchi une fois en leur vie au ſort des états, ne peuvent s’empêcher d’adopter les maximes & d’envier la nation heureuſe qui a ſu en faire le fondement & la baſe de ſa conſtitution ; combien plus les Anglois, enfans de l’Amérique, doivent y être attachés, eux qui ont recueilli cet héritage de leurs pères ? Ils ſavent à quel prix leurs ancêtres l’ont acheté. Le ſol même qu’ils habitent doit nourrir en eux un ſentiment favorable à ces idées. Diſpersés dans un continent immenſe ; libres comme la nature qui les environne, parmi les rochers, les montagnes, les vaſtes plaines de leurs déſerts, aux bords de ces forêts où tout eſt encore ſauvage & où rien ne rappelle ni la ſervitude ni la tyrannie de l’homme, ils ſemblent recevoir de tous les objets phyſiques les