Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/26

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nom de l’être ſaint, pour de misérables débats entre des êtres foibles & mortels.

Le mépris qu’ils avoient pour la politeſſe dans la vie civile ſe changeoit en averſion pour les cérémonies du culte dans le rite eccléſiaſtique. Les temples n’étoient, à leurs yeux, que des boutiques de charlatanerie ; le repos du dimanche, qu’une oiſiveté nuiſible ; la cène & le baptême, que des initiations ridicules. Auſſi ne vouloient-ils point de clergé. Chaque fidèle recevoit immédiatement de l’Eſprit-Saint une illumination, un caractère bien ſupérieur au ſacerdoce. Quand s’ils étoient réunis, le premier qui ſe ſentoit éclairé du ciel ſe levoit, & révéloit ſes inſpirations. Les femmes même étoient ſouvent douées de ce don de la parole, qu’elles appeloient don de prophétie. Quelquefois pluſieurs de ces frères en Dieu parloient en même tems : mais plus ſouvent régnoit un profond ſilence dans toute l’aſſemblée. L’enthouſiaſme qui naiſſoit également & de ces méditations, & de ces diſcours, irrita dans ces ſectaires la ſenſibilité du genre nerveux, au point de leur occaſionner des