Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/265

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
des deux Indes
251

Que les fondateurs des nations, que les légiſlateurs ſe ſont-ils donc proposé ? D’obvier à tous les déſaſtres de ce germe développé, par une ſorte d’égalité artificielle, qui ſoumît ſans exception les membres d’une ſociété à une ſeule autorité impartiale. C’eſt un glaive qui ſe promène indiſtinctement ſur toutes les têtes : mais ce glaive étoit idéal. Il falloit une main, un être phyſique qui le tint.

Qu’en eſt-il réſulté ? C’eſt que l’hiſtoire de l’homme civilisé n’eſt que l’hiſtoire de ſa misère. Toutes les pages en ſont teintes de ſang, les unes du ſang des oppreſſeurs, les autres du ſang des opprimés.

Sous ce point de vue, l’homme ſe montre plus méchant & plus malheureux que l’animal. Les différentes eſpèces d’animaux ſubſiſtent aux dépens les unes des autres : mais les ſociétés des hommes n’ont pas ceſſé de s’attaquer. Dans une même ſociété, il n’y a aucune condition qui ne dévore & qui ne ſoit dévorée, quelles qu’aient été ou que ſoient les formes du gouvernement ou d’égalité artificielle qu’on ait opposées à l’inégalité primitive ou naturelle.

Mais ces formes de gouvernement, du