Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/279

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trainte inſupportable ; ſi notre avantage n’étoit pas ſans ceſſe ſacrifié au vôtre ; ſi nous n’avions pas à ſouffrir une foule d’oppreſſions de détail de la part des gouverneurs, des juges, des gens de finance, des gens de guerre que vous nous envoyez ; ſi la plupart en arrivant dans nos climats, ne nous apportoient pas des caractères avilis, des fortunes ruinées, des mains avides & l’inſolence de tyrans ſubalternes, qui, fatigués dans leur patrie d’obéir à des loix, viennent ſe dédommager dans un Nouveau-Monde, en y exerçant une puiſſance trop ſouvent arbitraire. Vous êtes la mère-patrie : mais loin d’encourager nos progrès, vous les redoutez, vous enchaînez nos bras, vous étouffez nos forces naiſſantes. La nature, en nous favoriſant, trompe vos vœux ſecrets ; ou plutôt, vous voudriez que nous reſtaſſions dans une éternelle enfance pour tout ce qui peut nous être utile, & que cependant nous fuſſions des eſclaves robuſtes pour vous ſervir & fournir ſans ceſſe à votre avidité de nouvelles ſources de richeſſes. Eſt-ce donc là une mère ? eſt-ce une patrie ? Ah, dans les forêts qui nous environnent,