Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/302

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velles reſſemblent aux réſolutions primitives. Tout y porte même d’une manière plus décidée l’empreinte de la férocité & du deſpotiſme. On lève des armées ; on équipe des flottes. Les généraux, les amiraux font voile vers le Nouveau-Monde, avec des ordres, avec des projets deſtructifs & ſanguinaires. Il n’y a qu’une ſoumiſſion ſans réſerve qui puiſſe prévenir ou arrêter le ravage ordonné contre les colonies.

Juſqu’à cette époque mémorable, les Américains s’étoient bornés à une réſiſtance que les loix Angloiſes, elles-mêmes, autoriſoient. On ne leur avoit vu d’ambition que celle d’être maintenus dans les droits très-limités dont ils avoient toujours joui. Les chefs même, auxquels on pourroit ſuppoſer des idées plus étendues, n’avoient encore osé parler à la multitude que d’un accommodement avantageux. En allant plus loin, ils auroient craint de perdre la confiance des peuples attachés par habitude à un empire ſous les ailes duquel ils avoient proſpéré. Le bruit des grands préparatifs qui ſe faiſoient dans l’ancien hémiſphère pour mettre dans les fers ou pour incendier le

nouveau,