Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/368

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doivent haut, parce qu’il fut un meurtrier ſanguinaire, & que pour être deſpote il aſſaſſina tous ſes ennemis avec la hache des bourreaux : mais que la nation & l’état doivent honorer comme miniſtre, parce que le premier il avertit la France de ſa dignité, & lui donna dans l’Europe le ton qui convenoit à ſa puiſſance. C’eſt ainſi que leur eût parlé ce Louis XIV, qui, pendant quarante ans, ſut être digne de ſon ſiècle, qui mêla toujours de la grandeur à ſes fautes même, & juſque dans l’abaiſſement & le malheur ne dégrada jamais ni lui, ni ſon peuple. Ah ! pour gouverner une grande nation il faut un grand caractère. Il ne faut point ſur-tout de ces âmes indifférentes & froides par légèreté, pour qui l’autorité abſolue n’eſt qu’un dernier amuſement, qui laiſſent flotter au haſard de grands intérêts, & ſont plus occupés à conſerver le pouvoir qu’à s’en ſervir. Pourquoi, demande-t-on encore, pourquoi des hommes qui ont entre leurs mains toute la puiſſance de l’état, & qui, pour être obéis, n’ont qu’à commander, ſe ſont-ils laiſſés prévenir ſur toutes les mers par un ennemi dont la conſtitution