Page:Histoire philosophique et politique des établissemens et du commerce des Européens dans les deux Indes, v9.djvu/78

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des ſecours, on les renvoya chargés de ces richeſſes imaginaires. À peine y reſtoit-il un peu de place pour quelques fourrures. Tant que dura ce rêve, les colons dédaignèrent de défricher les terres. Une famine cruelle fut la punition d’un ſi fol orgueil. De cinq cens hommes envoyés d’Europe, il n’en échappa que ſoixante à ce fléau terrible. Ce reſte malheureux alloit s’embarquer pour Terre-Neuve, n’ayant des vivres que pour quinze jours, lorſque Delavare ſe préſenta avec trois vaiſſeaux, une nouvelle peuplade, & des proviſions de toute eſpèce.

L’hiſtoire peint ce lord comme un génie élevé au-deſſus des préjugés de ſon tems. Son déſintéreſſement égaloit ſes lumières. En acceptant le gouvernement d’une colonie qui étoit encore au berceau, il ne s’étoit proposé que cette ſatiſfaction intérieure que trouve un honnête homme à ſuivre le penchant qu’il a pour la vertu ; que l’eſtime de la poſtérité, ſeconde récompenſe de la généroſité, qui ſe dévoue & s’immole au bien public. Dès qu’il parut, ce caractère lui donna l’empire des cœurs. Il retint des hommes déterminés à fuir un ſol dévorant ; il les conſola

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