Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/146

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de mettre en usage les lois de nature, et que cette pratique demande préalablement des assurances certaines, il faut voir d’où c’est que nous pourrons avoir cette garantie. Il ne se peut rien imaginer pour cet effet, que de donner à chacun de telles précautions, et de laisser prémunir d’un tel secours, que l’invasion du bien d’autrui soit rendue si dangereuse à celui qui la voudrait entreprendre, que chacun aime mieux se tenir dans l’ordre des lois, que de les enfreindre. Mais il est évident que le consentement de deux ou de trois personnes ne peut pas causer des assurances bien fermes, et telles que nous demandons, à cause que contre une si petite ligue il s’en trouverait aisément une plus forte ennemie, qui oserait tout entreprendre, sur l’espérance qu’elle aurait d’une vic­toire infaillible. C’est pourquoi il est nécessaire, afin de prendre de meilleures assu­ran­ces, que le nombre de ceux qui forment une ligue défensive soit si grand, qu’un petit surcroît qui surviendra aux ennemis ne soit pas considérable, et ne leur rende pas la victoire infaillible.


IV. Mais quelque grand que soit le nombre de ceux qui s’unissent pour leur défen­se commune, ils n’avanceront guère, s’ils ne sont pas d’accord des moyens les plus propres, et si chacun veut employer ses forces à sa fantaisie. Les avis différents qu’ils apporteront aux délibérations leur serviront d’obstacle. Et bien que quelquefois l’espérance de la victoire, du