Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/150

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qui vivent dans un plus profond loisir : car on ne s’amuse guère à contester du point d’honneur, qu’on n’ait vaincu la faim, la soif et les autres incommodités de la vie. Enfin je dirais que le consentement ou la con­cor­de que nous voyons parmi les bêtes est naturelle ; là où celle des hommes est con­tractée, et par conséquent artificielle. Ce n’est donc pas de merveille s’ils ont besoin de quelque chose de plus pour vivre en paix. D’où je conclus, que le consen­te­ment prêté, ou la société contractée, sans une puissance supérieure et générale qui tienne les particuliers dans la crainte de la peine, ne suffit point pour donner aux hommes les assurances et les précautions qu’ils doivent avoir avant de venir à l’exer­cice de la justice naturelle, c’est-à-dire des lois de nature que nous avons établies.


VI. Puis donc que la conspiration de plusieurs volontés tendantes à une même fin ne suffit pas pour l’entretenement de la paix, et pour jouir d’une défense assurée ; qu’il faut qu’il y ait une seule volonté de tous, qui donne ordre aux choses nécessaires pour la manutention de cette paix et de cette commune défense. Or cela ne se peut faire, si chaque particulier ne soumet sa volonté propre à celle d’un certain autre, ou d’une certaine assemblée, dont l’avis sur les choses qui concernent la paix générale soit abso­lument suivi et tenu pour celui de tous ceux qui composent le corps de la répu­blique. Je définis ce conseil, une assemblée de plusieurs personnes qui