Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/168

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il faut qu’il y ait une certaine personne qui possède une puissance suprême, la plus haute que les hommes puissent raisonnablement conférer et même qu’ils puissent recevoir. Or, cette sorte d’autorité est celle qu’on nomme absolue ; car celui qui a soumis sa volonté à la volonté de l’État, en sorte qu’il peut faire toutes choses impunément, et sans com­mettre d’injustice, établir des lois, juger les procès, punir les crimes, se servir, ainsi que bon lui semble, des forces et des moyens d’autrui ; de -vrai, il lui a donné le plus grand empire qu’il soit possible de donner. Je pourrais confirmer cela par l’expérience de toutes les républiques anciennes et modernes. Car, encore qu’on doute quelquefois quel homme ou quelle assemblée c’est, qui a dans un État la puissance souveraine, si est-ce qu’elle est toujours employée, hormis en temps de sédition et de guerre civile, où cette puissance est divisée. J’ai souvent remarqué que les séditieux qui déclament contre la puissance absolue, ne se mettent point tant en peine pour l’abolir, que pour la transférer à quelques autres personnes. Car, s’ils voulaient l’ôter tout à fait, ils détruiraient entièrement la société civile, et rappelleraient la première confusion de toutes choses. Ce droit absolu du souverain demande une obéissance des sujets telle qu’il est nécessaire au gouvernement de l’État, c’est-à-dire, telle que ce ne soit pas en vain qu’on ait donné à celui qui commande la puissance souveraine. je nommerais