Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/196

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des nobles, quoique choisie par le peuple, se soit obligée à lui en aucune chose ; car, dès qu’elle a été érigée, le peuple a été dissout, comme j’ai dit, et ne subsiste plus en cet égard de personne publique ; ce qui ôte en même temps toute sorte d’obligation personnelle.


X. L’aristocratie a cela aussi de commun avec la démocratie. Premièrement, que si on n’assigne un certain lieu et un certain temps, auquel l’assemblée des principaux de l’État se tienne, ce n’est plus une cour ni un corps qui représente une seule personne, mais une multitude déjointe qui n’a aucun droit de puissance souveraine ; seconde­ment, que si le temps d’une convocation à l’autre est trop long, l’autorité absolue ne peut pas subsister sans une certaine personne qui l’exerce. Ce que je pourrais confir­mer par les mêmes raisons que j’ai alléguées au cinquième article.


XI. La monarchie tire son origine, de même que l’aristocratie, de la puissance du peuple qui résigne son droit, c’est-à-dire l’autorité souveraine, à un seul homme. En laquelle transaction il faut s’imaginer qu’on propose un certain personnage célèbre et remarquable par-dessus tous les autres, auquel le peuple donne tout son droit à la pluralité des suffrages ; de sorte qu’après cela il peut légitimement faire tout ce que le peuple pouvait entreprendre auparavant. Et cette élection étant conclue, le peuple cesse d’être une personne publique et devient une multitude confuse ; d’autant qu’il ne formait