Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/209

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par ce moyen que les sociétés civiles se sont établies et j’en ai traité déjà assez au long. je passe donc au deuxième, qui arrive lorsque quelqu’un étant fait prisonnier de guerre, ou vaincu par ses ennemis, ou se défiant de ses forces, promet, pour sauver sa vie, de servir le vainqueur, c’est-à-dire de faire tout ce que le plus fort lui commandera. En laquelle convention, le bien que reçoit le vaincu, ou le plus faible, est la vie, qui, par le droit de la guerre, et en l’état naturel des hommes, pouvait lui être ôtée ; et l’avantage qu’il promet au vainqueur, est son service et son obéis­sance. De sorte qu’en vertu de ce contrat, le vaincu doit au victorieux tous ses services et une obéissance absolue, si ce n’est en ce qui répugne aux lois divines. La raison pour laquelle j’étends si avant les devoirs de cette obéissance est, que celui qui s’est obligé d’obéir à une personne, sans s’être informé de ce qu’elle lui commandera, est obligé absolument et sans restriction à tout ce qu’elle voudra tirer de son service. Or, je nomme serf ou esclave, celui qui est obligé de cette sorte, et seigneur ou maître celui à qui on est obligé pareillement. En troisième lieu, on acquiert droit naturel sur une personne par la génération ; de quoi je parlerai, avec l’aide de Dieu, au chapitre suivant.


II. On ne doit point supposer que tous les prisonniers de guerre à qui on a laissé la vie sauve ont traité avec leur vainqueur : on ne se