Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/223

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ce soit qui prend son droit d’elle ; il demeure manifeste que les enfants ne sont pas moins sujets à ceux qui les nourrissent et qui les élèvent, que les esclaves à leurs maîtres, ou que les particuliers à l’État ; et que les pères et les mères ne peuvent point faire de tort à leurs enfants, tandis qu’ils vivent sous leur puissance. Aussi un enfant est délivré de la sujétion de ses parents par les mêmes moyens que les sujets ou les esclaves sont délivrés de celle de leur maître ou de leur prince ; car l’émancipation est même chose que la manu­mission. Et l’abdication répond à l’exil et au bannissement.


VIII. Un fils émancipé, ou un esclave affranchi, craignent moins qu’auparavant celui qu’ils voient dépouillé de la puissance de père ou de maître et l’honorent beau­coup moins, eu égard à l’honneur interne et véritable. Car l’honneur et la révéren­ce intérieure qu’on porte à une personne n’est autre chose qu’une certaine estime qu’on fait de sa puissance ; c’est pourquoi on honore toujours moins ceux qui ne peuvent guère et qui ne sont pas en grande considération. Mais il ne faut pas penser que celui qui a émancipé ou affranchi un sien fils, ou un sien esclave, ait eu dessein de se l’égaler, en telle sorte qu’il doive perdre la mémoire du bienfait et marcher de pair avec lui. Il faut toujours supposer que celui qu’on tire de la sujétion, soit un enfant, ou un esclave, ou une colonie entière, promet de