Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/236

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quoique ce soient des fautes dans le gouvernement, ils seront communs au public et ne seront pourtant pas affectés aux particuliers, comme aussi les avantages s’y partagent entre les sujets et le souverain. Or, le premier et le plus grand avantage qui se recueille de la société civile, est la paix et la défense qui protège également tous les membres de l’État : car, les grands et les petits, ceux qui commandent et ceux qui obéissent, sont pour la défense de leur vie sous la protection de leurs concitoyens, qui ont promis de se prêter un secours réciproque ; ils sont tous exposés au plus grand des malheurs et au pire de tous les inconvénients qui accueillent un État, à savoir à l’anarchie, car le prince ne se trouve pas moins que le plus simple bourgeois enve­loppé dans les désordres d’un tumulte et d’une confusion populaire. D’ailleurs, si le souverain exige de ses sujets de telles sommes d’argent, qu’il ne leur en reste pas assez pour l’entretien de leurs familles, cette incommodité ne touche pas moins le prince qu’eux-mêmes ; à cause qu’il ne peut pas conserver sans eux ses finances ni sa propre personne. Mais, si les impositions que le prince est obligé de faire sur son peu­ple ne passent pas ce qui est nécessaire pour l’administration des affaires publi­ques, c’est de l’intérêt commun qu’on les supporte, car il y va de la paix et de la défense commune. Et je ne puis pas concevoir comment c’est qu’en remplissant les cof­fres de l’épargne, les personnes