Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/247

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libre pendant que tous les autres sont asservis, qu’est-ce autre chose que prétendre à la domination ? Vu que celui qui est libre devient aisément le maître de tous ceux qui sont liés. Donc la liberté des particuliers n’est pas plus grande en l’État populaire que dans le monarchique. Ce qui impose au vulgaire est, que tous participent également aux charges publiques et à l’autorité du commandement ; car, là où le peuple gou­verne, chaque particulier participe au droit de l’empire, en tant qu’il est membre de l’État ; et les charges publiques sont également participées, en tant que chacun a voix délibérative en l’élection des magistrats et des autres officiers de la république. Et c’est ce qu’Aristote même a voulu dire, nommant la liberté au lieu de l’empire, au sixième livre de ses politiques, chap. II. En l’État populaire, dit-il, on suppose qu’on y jouit de liberté. Ce qu’on tient communément, comme s’il n’y avait personne de libre hors de cet État. Ce qui montre en passant, que les sujets qui se plaignent de la perte de leur liberté, sous la domination d’un monarque légitime, n’ont point d’autre véritable cause de leur indignation, que le désir qu’ils auraient d’être employés au gouvernement de l’État.


IX. Mais peut-être que quelqu’un dira, que l’État populaire est de beaucoup préférable au monarchique pour cette considération, qu’en celui-là, où tous se mêlent des affaires publiques, on donne à chacun le moyen de faire paraître sa