Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/252

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en la prochaine assemblée ; disposent de l’ordre dont on traitera les matières, afin qu’on remette sur le tapis les conclusions passées et qu’on les révoque, comme cela n’est pas mal aisé, en l’absence de quelques-uns de ceux qui les avaient données. Or, cette industrie et cette diligence qu’ils apportent à former un corps qui représente de nouveau tout le peuple, c’est ce qu’on doit nommer faction. Mais quand la faction qui a eu moins de suffrages est la plus forte, ou à peu près égale, ce qu’on n’a pu obtenir par adresse et par les charmes de l’éloquence, on tâche de le recouvrer par les armes, et l’on en vient à une guerre civile. Vous me direz que cela n’arrive pas nécessairement ni fort souvent ; mais pourquoi ne dites-vous aussi avec la même probabilité que les grands orateurs ne sont pas nécessairement désireux de la gloire et que leurs opinions ne sont pas bien souvent différentes en de grandes affaires ?


XIII. De ces inconvénients que je viens d’alléguer, il s’ensuit que les lois sont fort incertaines, parce que leur promulgation étant accordée aux assemblées populaires, elles peuvent changer, non seulement quand les affaires changent de face, et quand les esprits prennent de nouvelles impressions, mais aussi suivant qu’il se rencontre à la cour plus ou moins ’de personnes qui grossissent tantôt une faction, et tantôt l’autre : de sorte que les lois sont flottantes en ces assemblées-là, et agitées