Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/273

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


IV. La quatrième maxime contraire à la politique, est de ceux qui estiment que même ceux qui ont la puissance souveraine sont sujets aux lois civiles. J’ai fait assez voir sa fausseté ci-dessus, au sixième chapitre, art. XIV, de ce que l’État ne peut pas s’obliger à soi-même, ni à aucun particulier. Je dis à soi-même : car ce n’est jamais qu’à un autre à qui on s’oblige. J’ajoute, ni à un particulier, parce que les volontés de tous les citoyens sont comprises dans celle de la république ; de sorte que si l’État veut se déclarer quitte de toute obligation, il faut que les particuliers y consentent et par conséquent il en est délivré. Or, ce que je dis, et ce qui est vrai, en parlant de l’État, n’est pas moins vrai en parlant de cet homme, ou de cette assemblée qui exerce la souveraine puissance : car c’est elle qui compose l’État, dont l’être ne subsiste qu’en l’exercice de la souveraine puissance. Mais, que cette opinion soit incompatible avec l’essence de l’État, il appert de ce que par elle la connaissance du juste et de l’injuste, c’est-à-dire le jugement de ce qui est contre les lois civiles, retournerait aux personnes privées : ce qui ferait cesser l’obéissance des sujets, quand il leur semblerait que ce qu’on a commandé est contre les lois et ce qui arrêterait toute la puissance de contraindre ; accident tout à fait ruineux à l’essence d’une république. Cependant une si grande erreur ne manque pas de partisans considérables, du nombre desquels sont Aristote, et plusieurs