Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/299

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quoiqu’ils jouissent en commun du bénéfice de la paix, ils ne supportent point toutefois également les charges publiques. D’autre côté, si nous regardons que là où les moyens sont taxés, chacun en dépensant son bien paie imperceptiblement en cette prodigalité ce qu’il doit à l’État, même pour ce qu’il n’a pas et dont il était redevable au public ; il n’y aura plus de doute que la première façon de mettre des impositions est contre l’équité et par conséquent contre le devoir des souverains ; mais que la dernière est fort raisonnable et s’accorde fort bien avec leur devoir.


XII. En troisième lieu, j’ai dit que l’ambition était une maladie de l’âme très nuisible à la tranquillité publique. Car il y en a qui, s’estimant plus sages que les autres et plus propres au maniement des affaires que ceux qui sont en charge dans l’État, comme ils ne peuvent pas faire voir par de bons services, combien leur vertu serait utile au public, ils tâchent, en nuisant, de se rendre considérables. Or, d’autant que l’ambition et le désir des honneurs ne peuvent pas être arrachés de l’esprit des hommes, ceux qui gouvernent la république ne doivent pas travailler à cela. Mais, ils peuvent par une invariable application des peines et des récompenses, faire en sorte que les hommes sachent que le blâme du gouvernement n’est pas le chemin aux honneurs et qu’on n’y monte pas par des factions,