Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/300

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ou par quelque petite réputation qu’on sème parmi le peuple, mais par des moyens tout contraires. Ceux-là sont vraiment gens de bien qui gardent les ordonnances de leurs ancêtres, qui obéissent aux lois et à l’équité. Si donc nous voyions ceux-ci avancés aux honneurs par les souverains et que par une judicieuse et constante pratique les factieux demeurassent dans le mépris, ou chargés de quelque punition exemplaire, il y aurait plus de presse et on trouverait plus de gloire à obéir qu’à nuire. Il est vrai que quelquefois il arrive qu’il faut flatter un sujet insolent à cause de sa puissance, de même qu’un cheval indompté : mais comme un bon écuyer ne le caresse que pour le monter et en sait bien chenir dès qu’il est dans la selle ; aussi le souverain n’use de soumission envers un sujet, que lorsqu’il appréhende qu’il ne le désarçonne. Mais, je parle ici de ceux dont la puissance est entière et absolue et je dis que leur devoir est de bien entretenir leurs sujets qui se tiennent dans l’obéissance et de mettre les séditieux sous le joug le plus qu’il leur est possible ; car, sans cela, il n’y a pas moyen de maintenir l’autorité publique, ni de conserver le repos des citoyens.


XIII. Mais, si c’est du devoir des souverains de tenir en bride les factieux, ce l’est encore davantage de dissiper les factions. Je nomme faction une troupe de mutins qui s’est liguée par certaines conventions, ou unie sous la puissance