Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/302

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XIV. Deux choses sont nécessaires à enrichir les particuliers, le travail et l’épar­gne ; à quoi contribue aussi ce qui provient naturellement de l’eau et de la terre. Il se peut ajouter un quatrième revenu, à savoir de la guerre, ou quelques-uns font leurs affaires parmi une infinité d’autres qui s’y ruinent : mais, on ne doit faire fonds que des deux premiers moyens. Car, une ville bâtie au milieu de la mer, dans une île qui n’est pas plus grande que l’enceinte des maisons, où il n’y a ni pêche ni labourage, ne peut s’enrichir que du seul trafic et de la manufacture. Il est vrai que si elle avait un grand territoire, les habitants en deviendraient plus riches, ou n’en vaudraient pas moins, quoiqu’ils y fussent en plus grand nombre. Le quatrième moyen, qui est celui des armes, a bien été autrefois rais entre les arts lucratifs, mais sous le titre de brigandage, et de piraterie ; et il n’a été ni injuste ni déshonnête, tandis que le genre humain a demeuré dispersé en familles, avant que la société civile fût établie : car, qu’est autre chose le brigandage, que la guerre d’une petite troupe ? Aussi dans les armées, quand des parties sortent pour aller au pillage, on dit en termes de milice, qu’elles vont à la petite guerre. Et de grandes villes, comme celles de Rome et d’Athènes, ont tellement accru le domaine de leur république par le butin de leurs armées, par les contribu­tions, et par les conquêtes, que non seulement, elles n’ont