Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/318

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loi ne dit autre chose que ceci, par exemple, que ce que vous aurez pris en mer dans vos filets soit à vous, elle parle inutilement. Car bien qu’un autre vous ôte ce que vous aviez pris, il ne laisse pas d’être encore à vous ; à cause qu’en l’état de nature, où toutes choses sont communes à tous, ce qui est vôtre, est aussi à autrui ; de sorte que la loi n’a que faire de vous dire que quelque chose vous appartient, parce qu’elle vous appartenait avant qu’elle le dît et qu’après la promulgation de la loi, la chose ne laisse pas de continuer à vous appartenir, quoiqu’un autre la possède. La loi donc ne sert à rien, si elle n’entend et ne fait en sorte que vous puissiez posséder et jouir du vôtre comme et quand il vous plaira, à l’exclusion de tous les autres qui y auraient des prétentions ou qui voudraient vous empêcher. Car c’est ce qui est requis à la propriété des biens ; non que quelqu’un s’en puisse servir, mais qu’il s’en puisse servir seul ; à savoir, en donnant l’ordre que personne n’y apporte de l’empêchement. Or, ce serait en vain que l’on voudrait établir ce bon ordre, si l’on ne faisait appréhender des peines à la désobéissance ; et par conséquent, la loi aurait peu d’effet, si elle ne comprenait l’une et l’autre parties, celle qui défend de commettre des offenses, et celle qui punit ceux qui les commettent. La première, que je nomme distributive, enferme une défense, d’où, en termes du palais, elle se peut dire prohibitoire et