Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/321

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D’où il s’ensuit, qu’aucune loi civile, qui ne choque point l’honneur et le respect dû à la divinité (car les États ne sont point libres ni souverains, ni ne sont point dits faire des lois à l’égard de Dieu) ne peut être contre la loi de nature. Pour ce qu’encore que cette dernière défende le larcin, l’adultère, etc., toutefois, si la loi civile commande de se saisir de quelque chose, cette invasion ne doit point être estimée un larcin ou un adultère, etc. En effet, lorsque les Lacédémo­niens permirent autrefois à leurs enfants, sous certaines conditions, de prendre le bien d’autrui, ils ordonnèrent que ce qui aurait été pris ne serait plus à autrui, mais à celui qui s’en serait accom­modé ; de sorte que la pratique d’une telle adresse n’était pas comptée parmi les lar­cins : ainsi la conjonction de divers sexes, permise suivant les lois de quelques infidèles, était parmi eux un mariage légitime.


XI. Il est nécessaire à l’essence de la loi, que les sujets sachent deux choses. Pre­miè­rement, quelle est cette personne, ou cette cour souveraine, à qui le droit de faire des lois appartient. Secondement, qu’est-ce que la loi dit. Car, celui qui n’a jamais su à qui, ni à quoi il est obligé, ne peut obéir et par conséquent demeure comme s’il n’était pas tenu à obéir. Je ne dis pas qu’il soit nécessaire à l’essence de la loi, que telle ou telle chose soit perpétuellement connue et présente à la pensée, mais seulement qu’elle l’ait une fois été et si,