Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/326

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pour le soulagement de la mémoire, on avait coutume de chanter les lois mises en vers pour cet usage. La loi non écrite est celle qui n’a besoin d’autre promulgation que de la voix de la nature, ou de la raison natu­relle ; et de ce rang sont toutes les lois qui de là se nomment les lois de nature. Car, encore que ces dernières soient distinguées de la civile, en tant qu’elles étendent leur juridiction sur la volonté, toutefois eu égard aux actions extérieures, elles touchent à la loi civile. Par exemple celle-ci : tu ne convoiteras point, qui ne règle que l’action intérieure de l’âme, est une loi purement naturelle ; mais celle-ci : tu ne déroberas point, est et naturelle et civile tout ensemble. Et de vrai, étant impossible de prescrire des lois tellement géné­rales, que tous les procès qui, peut-être, sont innombrables, en puissent être décidés, il est à présumer qu’en tous les cas que la loi écrite a oubliés, il faut suivre la loi de l’équité naturelle, qui ordonne de rendre à des égaux choses égales. A quoi la loi civile s’accorde, quand elle commande de punir ceux qui, à leur escient, transgressent par quelque mauvaise action la justice des lois naturelles.


XV. Cela étant expliqué de la façon que je viens de faire ; il appert premièrement, que les lois naturelles, bien qu’elles aient été décrites dans les livres des philosophes, ne doivent pas être pourtant nommées des lois écrites ; et que les raisonnements des jurisconsultes ne sont