Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/329

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rang, ils nous paraissent mau­vais, et le sont en effet à notre égard. d’ailleurs pour ce que les hommes ont de cou­tume de tenir pour méchants, c’est-à-dire d’imputer quelque coulpe à ceux desquels ils reçoivent du dommage, il ne peut être autrement, qu’on ne définisse ce qui est blâmable, ou ce qui ne l’est pas, par le consentement de ceux à qui mêmes choses ne plaisent, ou ne plaisent pas. On peut à la vérité convenir en certaines choses générales et les nommer tous d’une voix des péchés, comme l’adultère, le larcin, et semblables ; de même que si l’on disait, que tous nomment une malice à quoi ils donnent un nom qui d’ordinaire se prend en mauvaise part. Mais nous ne recherchons pas en cet endroit, si le larcin, par exemple, est un péché, nous demandons comment c’est qu’il le faut nommer et ainsi de toutes les autres choses de cette nature. Si donc parmi une telle diversité d’opinions, il ne faut pas juger de ce qui est à blâmer raisonnablement, par la raison de l’un, plutôt que par celle de l’autre, vu l’égalité de la nature humaine ; et s’il n’y a aucune raison en usage dans le monde que celle des particuliers et celle de l’État, il s’ensuit que c’est conformément à cette dernière qu’il faut définir quelles sont les choses qui méritent véritablement d’être blâmées. De sorte qu’un péché, une coulpe, une faute, ou une offense, se peut définir en cette manière, ce que quelqu’un a fait, a omis, a dit, ou a voulu