Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/350

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beaucoup. D’où il s’ensuit, que l’honneur n’est pas en celui qui est honoré (comme il se dit communément), mais en celui qui honore. Puis donc que l’honneur gît en l’opinion, il y a trois affections qui en naissent nécessairement : l’amour, qui se rapporte à la bonté, l’espérance et la crainte qui regardent la puissance. De ces trois sources procèdent toutes les actions extérieures, par lesquelles on a accoutumé de gagner le cœur des personnes puissantes, et qui étant des effets de l’honneur, en sont des caractères et des marques naturelles. Mais, dans la façon de parler ordinaire, le titre d’honneur est accordé, même à ces effets extérieurs du vér­itable honneur qui se rend dans le fonds de l’âme, auquel sens nous sommes dits honorer quelqu’un, lorsque nous témoignons en paroles et en actions les favorables sentiments que nous avons de sa puissance ; de sorte que le mot d’honneur signifie en cet usage même chose que le culte. Toutefois le culte, à le bien prendre, est l’acte extérieur, caractère et signe visible de l’honneur interne ; et en ce sens-là, nous som­mes dits révérer ou honorer une personne, dont par toutes sortes de devoirs, nous tâchons d’apaiser la colère, si elle est fâchée contre nous, ou de laquelle nous nous étudions d’acquérir les bonnes grâces, si nous n’avons à surmonter que ses froideurs et son indifférence.


X. Tous les signes qui nous font connaître le