Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/354

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franc-arbitre, il y aurait presque autant de cultes que de diverses personnes, si quelque autorité souveraine ne restreignait la liberté des esprits qui seraient ingénieux à en inventer et si la volonté d’un supérieur n’en réglait la manière. Mais le culte privé peut demeurer entièrement volontaire, s’il est rendu en secret ; car, pour celui que l’on rend en public, la sévérité des lois, ou les mouvements de la honte lui apportent quelque contrainte, qui répugne à la nature du volontaire.


XIII. Or, afin de connaître quelle est la fin et le but pour lequel on révère une personne, il faut en considérer la cause et voir pourquoi c’est que les hommes se plaisent à la révérence qu’on leur porte. Sur quoi il est nécessaire de supposer ce que j’ai démontré ailleurs, que la joie est fondée sur la contemplation que quelqu’un fait de sa vertu, de sa force, de son savoir, de sa beauté, de ses amis, de ses richesses, ou de telle autre puissance qui lui appartient, ou laquelle il considère comme sienne propre ; et qu’elle n’est autre chose que la gloire ou le triomphe de l’âme qui pense qu’elle est honorée, c’est-à-dire, qu’on l’aime et qu’on la craint ; ce qui lui signifie aussi, que tout le monde est prêt de lui rendre service et de l’assister en sa nécessité. Cependant, à cause que les hommes estiment volontiers puissants ceux qu’ils voient honorés, c’est-à-dire ceux que les autres mettent