Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/367

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pas honorer Dieu au sens de l’autre, d’où il arriverait cet inconvénient, que le culte le plus raisonnable ne mériterait point ce titre, à cause que la nature du service consiste en ce qu’il soit un signe de l’honneur que l’on rend intérieurement a une personne ; et puisqu’il n’y a que ce qui signifie quelque chose à autrui qui doive être nommé un signe, ce qui ne le paraît pas aux yeux d’un autre ne pourrait pas être une marque d’honneur et un signe de révérence. De plus, cela est un vrai signe, qui passe pour tel dans le commun consentement des hommes ; donc il y a de l’honneur en ce que le consentement général, c’est-à-dire le commandement du public en a établi un signe ; et ainsi l’on ne contrevient point à la volonté de Dieu révélée par la seule raison, quand on lui rend les signes d’honneur que la république ordonne. Les particuliers donc peuvent transférer le droit de déterminer la mamère en laquelle il faut servir Dieu à l’État dans lequel ils vivent, c’est-à-dire à ceux qui le gouvernent. Voire même ils le doivent ; car autrement toutes les plus absurdes opinions touchant la nature divine, et toutes les plus impertinentes et ridicules cérémonies qu’on ait jamais vues en diverses nations se rencontreraient dans une seule ville ; ce qui donnerait occasion à chacun de croire que tous ses conci­toyens qui ne pratiquent pas le même culte que lui font tort à la divinité qu’il adore. Ce qui étant de la sorte l’on ne pourrait