Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/368

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pas dire véritablement qu’aucun servît Dieu ; parce que personne ne le sert, ou ne l’honore extérieurement, s’il ne fait des choses desquelles il apparaisse aux autres qu’il le révère ; je puis donc conclure, que l’inter­prétation des lois naturelles tant sacrées que séculières, sous le règne de Dieu par la nature, dépend de l’autorité du magistrat, c’està-dire de cette personne publique, ou de la cour à laquelle on a commis la souveraine puissance et que tout ce que Dieu com­mande, il le commande par sa bouche ; comme au contraire, que tout ce que l’État ordonne touchant le service de Dieu et touchant les choses temporelles, doit être reçu de même que s’il était commandé de Dieu immédiatement.


XVIII. Cependant quelqu’un pourrait former diverses objections contre ce que je viens de dire, et demander premièrement, s’il ne s’ensuit pas de nos maximes qu’il faudrait obéir à l’État, s’il commandait directement d’offenser Dieu, ou s’il défendait de le révérer. Mais je nierais cette conséquence, et dirais qu’il ne faut point obéir ; car, on ne peut pas prendre le mépris, l’outrage, ni la privation de tout le culte, pour une manière de servir Dieu ; outre qu’avant l’établissement de la société civile, per­son­ne n’a eu droit, reconnaissant Dieu comme roi du monde, de lui refuser l’hon­neur qui lui appartient en cette qualité ; ni donc eu le pouvoir de transférer à l’État