Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/373

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XIX. On peut recueillir des discours précédents, que sous le règne de Dieu par la seule raison naturelle, les sujets pèchent, premièrement s’ils enfreignent les lois morales que j’ai expliquées aux chapitres II et III. En deuxième lieu, s’ils trans­gressent les lois ou les ordonnances de l’État en ce qui regarde la justice. En troi­sième lieu, s’ils n’adorent pas Dieu selon les coutumes et les lois du pays. En quatrième lieu, s’ils ne confessent publiquement et devant tout le monde, de parole et d’effet, qu’il y a un Dieu très bon, très grand, très heureux, roi suprême de l’univers et de tous les rois de la terre, c’est-à-dire, s’ils ne l’adorent point par cette confession. Ce quatrième péché est dans le règne de Dieu par la nature, suivant ce que j’ai dit en l’article II du chapitre précédent, le crime de lèse-majesté divine. Car il nie la puissance de Dieu et tombe dans l’athéisme. Les péchés qui se commettent en ceci sont tout de même que si l’on supposait, qu’il y a un prince souverain qui, étant roi absolu dans un royaume, en laisse le gouvernement en son absence à un vice-roi. Ce serait un crime contre l’autorité de ce dernier, si on ne lui obéissait pas en toutes choses, excepté s’il voulait usurper le royaume, ou le donner à quelque autre : mais ceux qui lui obéiraient si abso­lument, qu’ils n’apporteraient pas cette légitime exception, ils devraient être tenus comme criminels de lèse-majesté.