Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/379

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que Dieu exigeât de lui une obéissance, qui lui était due naturellement, en proposant une récompense, et en passant une espèce de contrat ; et comment est-ce que Dieu promettait à Abraham de lui faire posséder la terre de Canaan, sous cette condition qu’il le reconnût pour son Dieu, puisqu’il l’était déjà auparavant par le droit inaliénable de sa nature immortelle ? Il faut dire que par ces paroles, afin que je te sois Dieu, et à ta postérité après toi, il n’est pas entendu qu’Abraham satisfit à l’alliance par un simple aveu de la puissance de Dieu et de l’empire, qu’il exerce naturellement sur tous les hommes, c’est-à-dire, en le reconnaissant indéfiniment, comme il est aisé de faire par les seules lumières de la raison naturelle ; mais en le reconnaissant précisé­ment pour celui qui lui avait dit, sors de ton pays, etc. Gen. 12. 34. Lève maintenant tes yeux et regarde du lieu où tu es, vers le septentrion, le midi, l’orient et l’occident ; car je te donnerai et à ta postérité à jamais tout le pays que tu vois, etc. Gen. 13. qui lui était apparu Gen. 18. sous la figure de ces trois personnages qui allaient à Sodome, et en vision, Gen. 15. et en songe ; ce qui est un ouvrage de la foi. Il n’est pas exprimé sous quelle forme c’est que Dieu apparut à Abraham, ni de quel ton il parla à lui ; mais il appert, qu’Abraham crut que la voix qu’il entendit était celle-là de Dieu même ; que la révélation qu’il en eut était