Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/393

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il dit à Moïse, mon seigneur, empêche-les ! A quoi Moïse répond. Es-tu jaloux pour moi ? etc. Puis donc que Moïse était seul héraut de la parole de Dieu et que ce n’était pas aux particuliers, ni à la synagogue, ni au souverain sacrificateur, ni aux autres pro­phè­tes de l’interpréter ; il reste que ce fut Moïse seul qui en était interprète, ayant aussi une autorité souveraine sur les affaires politiques ; et que d’ailleurs la contestation de Coré et de ses complices contre Moïse et Aaron ; ou même la dispute d’Aaron et de sa sœur Marie contre Moïse, ne fut pas émue pour l’intérêt du salut de l’âme, mais par un mouvement d’ambition et par un désir de régner sur le peuple.


XIV. Du temps de Josué, l’interprétation des lois et de la parole de Dieu était entre les mains d’Éléazar souverain sacrificateur, et comme vice-roi de Dieu, absolu parmi les Juifs. On peut tirer cette conséquence, premièrement de l’alliance même, en laquelle la république d’Israël est nommée un royaume sacerdotal, ou comme parle saint Pierre en sa première Épître, chap. II. une sacrificature royale ; ce qui ne pourrait pas être dit de la sorte, si par l’institution et la force du contrat, on n’entendait que la puissance royale sur le peuple était entre les mains du souverain pontife. Et cela ne répugne point à ce qui a été dit auparavant, que ce n’a pas été Aaron le sacrificateur, mais Moïse qui a régné,