Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/396

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

la conduite desquels (suscités de Dieu extraordinairement) le peuple d’Israël (nation fort dési­reuse de prédictions et attachée à ses prophètes) se remettait volontiers, à cause de l’estime qu’il faisait des prophéties. La raison de cela était, que par l’établissement du règne sacerdotal de Dieu, bien que des peines fussent ordonnées et qu’il y eût des magistrats établis pour rendre justice ; toutefois le droit de punir dépendait de la volonté des particuliers ; et il était en la puissance d’une multitude déjointe de faire, ou de ne pas faire supplice, suivant que les personnes privées se trouvaient poussées de zèle, ou animées de quelque passion. C’est pourquoi nous ne voyons point que Moïse ait jamais fait mourir personne de sa propre autorité ; mais quand il y en avait quelques-uns dont il se voulait défaire, il excitait contre eux la multitude, employant l’autorité divine, et disant que Dieu le commandait ainsi. Et cette pratique était très con­forme à la nature de ce règne particulier de la divinité ; car c’est là vraiment que Dieu règne, où l’on obéit aux lois, non pour la crainte des hommes, mais pour la révérence que l’on porte à sa majesté. Certainement, si nous étions tels que nous devrions être, ce serait là la plus belle et la meilleure forme de gouvernement. Mais les hommes qu’il faut gouverner étant si déréglés que nous les voyons, il est néces­saire qu’il y ait dans l’État une puissance politique qui