Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/403

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le peuple ait donné à Édras (sous la conduite duquel les Juifs redressèrent leurs affaires), ni à aucun, mais à Dieu seul le droit de l’empire. Il semble que cette réfor­ma­tion ne fut autre chose qu’un vœu, ou qu’une simple et nue promesse que chacun fit de garder tout ce qui était écrit dans le livre de la Loi. Toutefois l’État auquel on se remit était un règne sacerdotal (quoique peut-être ce ne fût pas là l’intention du peuple), c’est-à-dire, l’autorité souveraine tant au spirituel qu’au temporel, se trouvait unie dans les sacrificateurs, en vertu de l’alliance que l’on renouvelait alors ; car c’était la même qui avait été traitée en la montagne de Sinaï. Bien que ce règne fût depuis tellement troublé par l’ambition de ceux qui prétendirent à la dignité du sacerdoce, et par l’usurpation des princes étrangers, jusqu’au temps de notre sauveur Jésus-Christ, qu’on ne peut point apprendre de l’histoire de ces siècles-là, où c’est qu’une telle autorité demeura renfermée. Cependant nous savons qu’en ces temps-là, la puissance d’interpréter la parole de Dieu, ne fut point séparée de la souveraineté dans les affai­res politiques.


XVIII. Il est aisé de connaître par ce que je viens de dire, ce que les Juifs avaient à faire touchant les ordonnances de leurs princes, pendant tout le temps qui s’écoula depuis Abraham jusqu’à notre Seigneur Jésus-Christ. Car, tout ainsi que dans les royaumes purement humains,