Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/427

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

à autrui. En effet, par ce comman­dement : Tu ne tueras point, tout meurtre n’est pas défendu ; car celui-là même qui a dit : Tu ne tueras point, a prononcé : Tu feras mourir celui qui aura travaillé Le jour du Sabbath (Exod. 35. verset 2). Ni tout meurtre sans connaissance de cause : car il a dit (Exod. 32. verset 27) que chacun tue son frère, son ami, et son prochain, suivant lequel commandement vingt-trois mille hommes furent mis à mort ; ni tout meurtre de personnes innocentes, puisque Jephté voua que le premier qui sortirait il l’offrirait en l’holo­causte à l’Éternel (Jug. Il. 31) et que son vœu fut accepté de Dieu. Qu’est-ce donc qui est défendu ? Ceci seulement, que personne n’entreprenne de tuer quel­qu’autre à qui il n’a pas droit d’ôter la vie, c’est-à-dire, que personne ne tue sans que la charge de cette exécution ne lui appartienne. De sorte que la loi de Christ ordonne touchant le meurtre, et par conséquent touchant toutes les offenses qu’on peut faire à un homme, et touchant l’imposition des peines, de n’obéir qu’à l’État. Pareillement par ce précepte : Tu ne paillarderas point, toute sorte d’accouplement n’est pas défendu, mais celui qui se fait avec une femme qui n’est pas à nous : or, c’est à l’État de juger quelle elle est, et la question doit être décidée suivant les règles que le public établira sur cette matière. Il est donc commandé à l’homme et à la femme, dans ce précepte, de se garder