Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/461

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par exemple celle de Rome, elle n’eût pas tant excommunié celle-ci qu’elle se fût excommuniée elle-même ; car, celle qui en prive une autre de sa communion, se prive réciproquement elle-même de la communion de l’autre. Secondement, il est manifeste, que personne ne peut excom­mu­nier en même temps, ou ôter l’usage des temples et interdire le service de Dieu à tous les sujets d’un État souverain. Car ils ne peuvent pas être excommu­niés de l’église qu’ils composent, d’autant que s’ils le faisaient, non seulement ce ne serait plus une église, mais non pas même une république, et le corps de la société civile se dissoudrait lui-même ; ce qui est bien autre chose qu’être interdit et excom­munié. Que si c’était une autre église qui les excommuniât, cette église devrait les tenir comme des païens. Mais selon la doctrine du Christ, il n’y a aucune église chrétienne qui puisse défendre aux païens de s’assembler, et de communiquer entre eux, ainsi que leur État le trouvera bon, surtout, si l’assemblée se forme à dessein d’adorer le Seigneur jésus, bien que ce soit d’une façon qui leur est particulière. De sorte que je puis conclure, que devant être traités en païens, ils ne seraient point excommuniés. En troisième lieu, cette conséquence me paraît évidente, qu’un prince souverain dans l’État ne peut point être excommunié, pour ce que suivant la doctrine chrétienne, ni un seul sujet, ni plusieurs joints ensemble,