Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/465

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ordonnances sont conformes ou non à la parole de Dieu. Et ainsi ou l’on désobéit, ou si l’on obéit, c’est à cause du jugement particulier qu’on a fait, ce qui n’est pas obéir à l’État, mais à soi-même. De sorte que par là toute l’obéissance civile est anéantie. D’ailleurs chacun suivant son propre sentiment, il faut de toute nécessité qu’il naisse un nombre infini de disputes et de controverses qu’il ne sera pas possible de décider ; d’où il arrivera premièrement que les hommes, qui tiennent naturellement pour injure toute sorte de dissentiment, se rempliront de haine les uns contre les autres, ensuite de quoi il se fera des contestations ; puis enfin on en viendra aux armes, ce qui bouleversera tout le repos de la société civile. Nous avons, outre ces raisons, l’exemple de ce que Dieu voulut qu’on observât sous l’ancienne alliance touchant le livre de la loi, à savoir qu’il fût décrit et qu’on le reçût publique­ment comme la règle et le canon de la doctrine divine ; mais que les particuliers en laissassent décider les controverses aux sacrificateurs, souverains arbitres des différends en ces matières. En un mot, c’est le commandement de notre Sauveur que si les particuliers ont reçu quelque offense, ils écoutent l’église ; dont par conséquent la charge est de vider les différends et de déterminer les controverses. Ce n’est donc pas aux personnes privées, mais à l’église, à interpréter les Saintes Écritures.