Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/481

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bien par la signification de ces noms, s’il est vrai, ou non, que le larcin soit une injure. La vérité est la même chose qu’une proposition vraie, or, une proposition est vraie en laquelle le nom qui suit, et que les logiciens nomment l’attribut, embrasse dans l’étendue de sa signification le nom qui précède, et que les maîtres de l’art nomment le sujet. Et savoir une vérité n’est autre chose que nous ressouvenir de la manière en laquelle nous avons voulu que les termes se prissent, ce qui est prendre garde que nous en sommes les archi­tectes. Ainsi ce ne fut pas sans beaucoup de raison qu’autrefois, Platon assura que le savoir était une réminiscence. Au reste, il arrive assez souvent que les paroles, bien qu’elles aient par notre ordre une signification certaine et définie, toutefois par l’usage ordinaire, sont tellement détournées de leur sens propre (soit qu’en cela on se soit étudié à orner la langue, ou qu’on ait eu dessein de tromper) qu’il est très difficile de rappeler en notre souvenir les conceptions pour lesquelles elles ont été inventées, et l’idée des choses qu’elles doivent représenter à notre mémoire ; mais il faut pour en venir à bout un jugement exquis, et une très grande diligence. Il arrive aussi qu’il y a quantité de mots sans signification propre ou déterminée, et généralement reçue, et que l’on n’entend point à cause de leur force, mais en vertu de quelques autres signes que l’on emploie en même temps.