Page:Hobbes - Œuvres philosophiques et politiques (trad. Sorbière), 1787.djvu/509

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faut pourtant bien du courage et de la générosité pour se résoudre à souffrir patiemment le mépris ou les injures des ignorants, dont le bruit empêche quelquefois d’ouïr les modestes approbations des mieux sensés.

Il est vrai que ce n’est pas à cette approbation qu’il faut regarder, et que les hommes de la haute région, tels que M. Hobbes, voient au-dessous d’eux les tempêtes et les agitations des médiocres. Et en cela paraît une remarquable différence qu’il y a entre eux ; car la gloire de l’esprit n’étant pas ce qu’ils recherchent, et se contentant de contribuer ce qu’ils peuvent à l’avancement des commodités publiques de la vie, ou de leur particulière satisfaction, ils sont fort peu touchés de l’ingratitude dont on récompense leur travail. Ils tâchent de se donner à eux-mêmes et à autrui, le plus brièvement qu’il leur est possible, des préceptes de sagesse ; et comme des ingénieux architectes, ils s’étudient à dresser des plans de divers édifices, qui aient en un petit espace de grandes commodités pour le logement - se persuadant que s’ils ont réussi en leurs inventions, ce sera aux autres de suivre leurs maximes et