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DE LA NATURE

d’autre conception, ſinon que Dieu exifte. Nous reconnoiffons naturellement que les effets annoncent un pouvoir de les produire avant qu’ils aient été produits, & ce pouvoir ſuppoſe l’exiſtence antérieure de quelque Etre revêtu de ce pouvoir. L’Etre exiſtant avec ce pouvoir de produire, s’il n’étoit point éternel, devroit avoir été pro duit par quelque Etre antérieur à lui, & celui-ci par un autre Etre qui l’auroit précédé. Voilà comme en remontant de cauſes en cauſes nous arrivons à un pouvoir éternel, c’eſt-à-dire, antérieur à tout, qui eſt le pouvoir de tous les pouvoirs & la cauſe de toutes les cauſes. C’eſt-là ce que tous les hommes conçoivent par le nom de Dieu, qui renferme éternité, incompréhenſibilité, toute-puiſſance. Ainſi tous ceux qui veulent y faire attention ſont à portée de ſçavoir que Dieu eſt, quoiqu’ils ne puiſſent point ſçavoir ce qu’il eſt. Un aveugle-né, quoiqu’il lui ſoit im-