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velle. Longtemps avant le onzième siècle, en Grèce, la question des genres et des espèces avait agité les milieux philosophiques un passage souvent cité de l'Isagoge de Porphyre nous apprend que le problème du Réalisme et du Nominalisme fut dans l'antiquité posé dans les mêmes termes[1].

Mais être nominaliste n'est en somme qu'un résultat et une conséquence d'une certaine manière de penser qui consiste à ne faire état que des renseignements que les sens procurent. En d'autres termes, le Nominalisme suppose le Sensualisme. Et c'est du Sensualisme que dérivent à n'en pas douter, non seulement le Nominalisme de Roscelin et d'Occam, le conceptualisme d'Abélard, l'empirisme de Locke, mais bien aussi l'idéalisme de Berkeley et notre positivisme actuel. On retrouve en effet la tendance d'esprit qui conduit au nominalisme à l'origine des conceptions positives de tous les temps. Newton fut, on le sait, nominaliste et il est bien certain que, mis en face des questions qui s'agitaient au Moyen Âge, tout esprit scientifique moderne ne pourrait que se le déclarer.

Mais voici que l'historien que j'ai supposé en arrive au grand mouvement intellectuel du début du xviie siècle ! Celui qu'il voit alors s'occuper à définir la science et à s'en faire le théoricien, à la construire même, au moins dans l'une et la plus complexe de ses branches[2], est un philosophe qui fait encore si ouver-

  1. Voir pour le nominalisme avant Roscelin : Karl Prantl, Geschiclïte der Logik im Abendlande, 4 vol. 3e édit. Leipzig, 1885.
  2. Dans l'Épître dédicatoire du De Corpore, au Comte de Devonshire, décrivant l'état des Sciences en son temps, Hobbes