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de son ouvrage intitulé Collectio veterum monumentorum. La traduction de Dioscoride, qu’il dédia au pape Léon X, lui fit une si grande réputation, qu’on l’appelait le Dioscoride florentin.

Ginguené. — Mazzuchelli, Scrittori d’Italia.

ADRIANO, peintre espagnol, né vers le milieu du seizième siècle à Cordoue, mort dans sa ville natale en 1630. Il fut frère lai dans l’ordre des Carmes déchaussés. On n’a de lui qu’un très-petit nombre d’ouvrages, parmi lesquels on remarque un Crucifiement, dans le style de Sadeler. Adriano avait la manie d’effacer ses tableaux presque aussitôt qu’il les avait exécutés. Ce n’est qu’à force d’instances, au nom des âmes du purgatoire, auxquelles il adressait, dit-on, de ferventes prières, que ses amis parvinrent à préserver les plus estimés d’une destruction complète.

Bermudez, Diccionario historico de los mas ilustres profesores de las Bellas Artes en España.

ADRICHOMIUS (Christian), prêtre hollandais, né à Delft le 14 février 1533, mort à Cologne le 20 juin 1585, où il s’était retiré, après avoir été chassé de son pays par les protestants. Son ouvrage le plus célèbre est le Theatrum Terræ Sanctæ, avec des cartes géographiques ; Cologne, 1590, 1593, 1600, 1628 et 1682, in-fol. On a encore de lui : 1° une Chronique de l’Ancien et du Nouveau Testament, où il raconte bien des fables ; Cologne, 1682, in-fol. ; — 2° Vita Jesu Christi, ex quatuor evangelistis breviter contexta ; Anvers, 1578, in-12. Son nom de famille était Adrichem. Il signe aussi quelquefois Christianus Crucius.

Foppens, Bibliotheca Belgica, I, 167, 168.

ADRIEN ou Hadrien (Publius Ælius), quatorzième empereur des Romains, né à Rome le 24 janvier de l’an 76 de J.-C, mort à Baïa le 10 juillet 138. — Ayant eu pour prédécesseurs Nerva et Trajan, pour successeurs Antonin et Marc-Aurèle, Adrien doit peut-être à ce noble entourage la faveur d’être compris au nombre de ces princes dont les règnes successifs formèrent l’âge d’or de l’empire romain : non pas qu’il n’eût par lui-même des qualités brillantes, des goûts artistiques et littéraires dont l’heureuse influence jette sur son époque un vif éclat ; mais une vanité implacable, l’envie qu’elle enfantait, un caractère changeant, une curiosité souvent puérile qui négligeait l’ensemble et se perdait dans les détails, méritèrent à ce prince, si bien doué d’ailleurs, les reproches que l’histoire impartiale a dû faire à sa mémoire. Un ingénieux érudit a comparé Adrien à Louis XI. Il a vu, avec raison, chez tous deux une bravoure personnelle qui ne les empêcha pas d’employer leurs soins à éviter la guerre ; chez tous deux, la même prédilection pour la classe plébéienne, la même haine des grands, les mômes efforts pour protéger les communes ou les municipes, favoriser le commerce, aider le développement de l’industrie ; et, cependant, nous croyons qu’il existe une grande différence entre la sombre persévérance de Louis XI ne perdant jamais de vue le but qu’il


se proposait avant de l’avoir atteint, et les goûts variés, les passions éphémères d’un prince que Tertullien appelle avec raison curiositatum omnium explorator. Ce désir insatiable d’apprendre et de connaître fut chez Adrien la source du bien et du mal : il lui dut l’amour des voyages, et dans ses voyages les vastes provinces de l’empire, si longtemps déshéritées, s’embellirent par ses soins, ou furent dotées d’institutions utiles à leur bien-être ; il lui dut la facilité avec laquelle il entrait dans tous les détails de l’administration, se montrant à la fois bon tacticien, sage législateur, jurisconsulte habile, protecteur des arts, sinon des artistes, dont il enviait les talents, qu’il avait tous effleurés. D’autre part, c’est à cette même disposition qu’il dut aussi l’incertitude de ses opinions, l’inconstance dans ses vues, l’inconséquence dans ses actes, un amour-propre effréné, qui ne savait ni supporter la critique ni pardonner le succès. S’entourant de philosophes, il n’embrasse aucune secte ; méprisant la médecine, écrivant contre elle, il compose des remèdes, un collyre, un antidote ; superstitieux au point de sacrifier, au désir de connaître l’avenir, la vie de son Antinous, il se vante d’avoir fabriqué lui-même des oracles ; littérateur habile, il affecte de préférer Antimaque à Homère, Ennius à Virgile, Caton à Cicéron, Cœlius à Salluste, tant l’amour du paradoxe avait jeté de profondes racines dans l’esprit de ce prince, dont le règne marque, à tout prendre, l’une des plus curieuses époques de la période impériale chez les Romains !

Allié à la famille Ulpienne, Adrien avait pour père Ælius Adrianus Afer, cousin germain de Trajan, et pour mère Domitia Paulina, originaire de Gades, dans la Bétique. Sa famille paternelle, qui avait autrefois habité la ville d’Hadria dans le Picenum, était venue se fixer, au temps des Scipions, à Italica en Espagne. Toutefois, il naquit à Rome ([1]) le 9 des calendes de février, l’an de Rome 829 (24 janvier, 76 de J.-C), sous le septième consulat de Vespasien et le cinquième de Titus. A l’âge de dix ans, il perdit son père ; et son enfance fut confiée à deux tuteurs, dont l’un était son cousin Ulpius Trajan, qui avait déjà exercé la charge de préteur ; l’autre, un chevalier romain du nom de Cœlius Tatianus, d’après Spartien, ou Attianus, d’après Dion Cassius. Chacun d’eux eut soin que son éducation fût complète et brillante : un esprit avide de notions nouvelles, une mémoire imperturbable le préparaient merveilleusement à en profiter; et il fit entre autres, dans la littérature grecque, des progrès rapides, qui lui valurent parmi ses condisciples le surnom du Petit Grec, Græculus ([2]). Quels qu’aient été plus tard le nombre de ses occupations, la variété de ses penchants, la fréquence de ses voyages, il conserva ses goûts littéraires,

  1. (1) C’est l’opinion la plus constante, bien qu’Eutrope, Jornandès et saint Jérôme le fassent naître à Italica.
  2. (2) Spart. — Aur. Vict., Epit., c, xiv.