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19 PLATON

mbler. » C’est ce que disait aussi le Christ^ esque dans les mêmes termes. Ailleurs (au ■ livre ) on lit : « Jamais tu n’échapperas à rdre établi par les dieux, ni cpiand tu te baisserais jusqu’au centre <le la terre, ni and tu serais assez grand pour t’élever iqp’au ciel. Mais tu porteras, soit sur cette Irre, soit aux enfers, la peine due à tes ffoits. » Mettez Dieu au lieu de dieux, et Mi aurez un fragment de saint Basile ou de snet. — Ce que l’Église enseigne, Platon l’a-’ ; t mis dans la bouclie de son législateur : j’âme, dit-il (au Xli* livre des Lois), est enrement distincte du corps ; dans celte vie •.me, elle seule constitue ce que nous sommes ; Ire corps n’est qu’une image qui accompagne icun de nous... Après la mort , cette âme sera ■lelée à rendre compte de ses actions, compte 5si consolant pour l’homme de bien que reitable pour le méchant. »

iCR deux derniers livres ( le XI* et XII*" ) des s font en partie disparate avec les précéits ; cl comme l’auteur y revient sur la plu- •tdcs points déjà traités, ils forment en quelque te un hors d’oeuvre. Nous serions presque té de croire que pas plus que VEpinomïs, il dialogue qui les suit, ils ne sont point du losophe auquel l’antiquité avait décerné l’épi- ■le de divin.

Partant d’un centre commun , l’intelligence raaine, Platon et Aristole aboutissent à deux iints diamétralement opposés : leurs systèmes i’ment comme les deux pôles du mouvement la pensée. C’est autour de cet axe que tournent Ipnis plus de deux mille ans toutes les docnés de la philosophie ; et il n’en saurait être irement. En effet , s’élever du particulier au néral, du concrète l’abstrait, et descendre du fléral au particulier, de l’abstrait au concret , nalyse et la synthèse, voilà les deux grandes l’Iies que la pensée humaine a suivies dans ses 1 |olulions multiples et variées. Attribuer l’inntion de ces deux méthodes générales exclusiment à Aristote et à Platon , ce serait comi ’ ttre une grave erreur. Elles leur avaient été ç imsmises par leurs prédécesseurs, qui euxj (inies, pas plus que les initiateurs de Thaïes, (î j Pjlhagore, d’Heraclite, n’avaient le droit 1 a revendiquer la propriété. De temps immé-I JH’ial elles ont dû servir de leviers à la reï :

jerche de la Vérité. Inhérent à la marche de 

( ! jtreesprit, le fonds commun du platonisme et du j fripatétisme constitue en (}uelque sorte le paf imoine du genre humain. Aussi, à toutes les I l-oques, voit-on se reproduire, sous des formes l’férentcs, l’aniagonisme radical entre les deux |)dances extrêmes, personnitices par Platon et lisîote. Au moyen âge il revêtit la forme du luiinalisme et du réalisme {voij. Roscellin,

iLLACMP, de Champeaux, etc.), et de nos

irs il se révèle dans la lutte séculaire entre i^x qui prétendent atteindre la vérité en débu-KOIJV. BIOCK. CKNÉR. — T. XL.

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tant par l’absolu et ceux qui veulent y arriver en interrogeant la nature et l’expérience. Le terrain commun oii tous les penseurs se rencontrent, c’est le besoin de la certitude. Là aussi commence l’erreur. Platon, sentant à merveille que ses idées abstraites, prises pour base immuable de la variabilité infinie des choses de la réalité, pourraient être taxées d’imaginaires s’il ne les rattachait pas à des propositions d’une évidence incontestable, n’osait s’avancer qu’entouré du cortège des mathématiques. 11 avait inscrit, dit-on, au frontispice de son école : «Nul n’entre ici à moins qu’il ne soit géomètre » ; et il renvoyait de l’Académie quiconque, ne possédait pas les anses de la philosophie (xàç àv-TiXaëà ; Tiriz çùoaofpîaç). Dans plusieurs de ses dialogues il s’arrête avec complaisance sur les mathémaliques, seul savoir certain dont l’homme puisse s’enorgueillir. Enfin celui qui n’aurait lu des œu vresde Platon que le Timée se persuaderait sans peine, à voir le rôle qu’y jouent les nombres et les figures géométriques, que le disciple de Socrate était le simple continuateur de Pythagore. Ce serait là cependant une étrange méprise. Pour Platon les mathématiques n’étaient qu’un moyen de donner plus de solidité à l’édifice de ses idées. Quant à Ari.istote, il s’adressait, pour le même besoin de certitude, aux lois de l’entendement, aux catégories, comme il les appelait, où la pensée s’élabore et dont elle conserve, comme d’un moule, perpétuellement l’empreinte. Ainsi , pendant qu’Aristote cherchait ses moyen.s de démonstration dans l’inférieur de notre organisation intellectuelle, Platon les demandait, au dehors de nous-même, à la science des quantités.

Cette distinction bien établie , on comprendra aisément la difficulté extrême, sinon l’impossibilité absolue de concilier l’un avec l’autre ces deux éminents chefs d’école. Aussi leurs commentateurs ont-ils fous échoué dans cette grande entreprise. Bien plus : au lieu d’un rapprochement, ils ont fini eux-mêmes par former deux camps opposés, toujours prêts à se combattre ; en place de la conciliation qu’ils avaient promise, ils n’ont fait naître que la controverse et des luttes auxquelles le christianisme prit dès son origine une part tiès-vive. Les premiers l’ères de l’Église proclament hautement leurs sympathies pour Platon. « Les doctrines du Christ, dit Justin le martyr, ne sont pas bien éloignées du platonisme : en parlant .ie la création, nous ne différons de Platon que grammaticalement : Moyse dit ’é(re (suprême), ô wv, et Platon : VEire, To ôv (1). » Saint Clément d’Alexandrie n’hésite pas à dériver la philosophie platonique et le christianisme de la môme source divine : ses écrits contiennent de nombreux parallèles pour établir la concordance entre les préceptes de Platon et ceux du Christ. La vraie philosophie (1) Just. le>Martyr, Dialog. contre Tryph., lOS. 15