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NOUVELLE

BIOGRAPHIE

GÉNÉRALE

DEPUIS LES TEMPS LES PLUS RECULÉS JUSQU’A KOS JOUES. saint-ange (Ange-François Fariau, dit de), poète français , né le 13 octobre 1747, à Blois, mort le 8 décembre 1810, à Paris. Son père était conseiller du roi. Après avoir commencé ses études chez les jésuites de sa ville natale, il les termina au collège de Sainte-Barbe, où il avait obtenu une bourse. 11 n’avait pas quitté l’Université lorsqu’en 1768 il présenta à Christian VII, roi de Danemark, alors de passage à Paris, une ode en vers français, qui fut imprimée. On réprimanda aigrement le poète, on lui ordonna de revenir aux vers grecs et latins , mais ce désagrément ne fit qu’accroître sa verve poétique, et à peine libre, il se mit à jimer, d’après Ovide, les morceaux de Vertlunne et Pomone et des Amours deBiblis. Ce fut un événement dans la vie de Saint-Ange : cette traduction, publiée dans le Mercure (déc. 1771), parut sous les auspices de La Harpe qui l’accompagua d’éloges délicats ; Voltaire écrivit à l’auteur que ses vers l’avaient un peu ranimé, et qu’il lui donnait sa bénédiction ; enfin Turgot lui procura au contrôle général une place changée plus tard en une pension sur YAlmanach royal. La révolution le laissa sans ressources et sans appui ; il continua, malgré ses opinions monarchiques, de résider à Paris, et obtint en 1794 une modique place dans l’agence de l’habillement des troupes. Bientôt après H accepta la chaire de grammaire générale, puis de belleslettres à l’école centrale de la rue Saint-Antoine ( collège Charlemagne) ; le zèle qu’il apporta dans l’exercice de ses fonctions acheva d’ébranler une santé déjà chancelante, et il se fit accorder un suppléant en conservant toutefois ses honoraires. Au rétablissement de l’université, Fontanes le nomma professeur d’éloquence latine à la faculté des lettres (juillet 1809). Saint-Ange s’était présenté plusieurs fois aux suffrages de l’Académie française ; il y fut admis le 4 juillet 1810 en remplacement de Domergue ; ses audi-NOUV. BiOGR. GÉNÉIU — T. XL1II.

teurs furent vivement émus à ce passage de son discours de réception : « Je fais violence en ce moment aux souffrances continuelles et intolérables qui m’avertissent que l’ombre de l’académicien que je remplace attend la mienne. » Cinq mois plus» tard il mourut des suites d’une chute qu’il avait faite en se rendant à l’Institut^ Le nom de Saint-Ange est demeuré attaché à Ovide, mais avec moins d’éclat que celui de Delille à Virgile. Il entreprit de le faire passer tout entier dans notre langue, et trente années d’un labeur assidu et d’une patience infatigable n’y suffirent pas. Quelque attrait qu’Ovide puisse avoir, c’est l’effet d’une constance peu commune de rester si longtemps attaché à ses pas. La version seule des Métamorphoses, la meilleure partie du travail de Saint-Ange, forme un poème de quinze mille vers, « riche, varié, dit Gingueué, rempli de descriptions brillantes, d’images vives et de sentiments passionnés ». S’il n’a pas laissé à Ovide tout son esprit, ainsi que le lui reprochait Chéuier, il a su remplacer par un tour élégant et facile l’éclat de l’original. Ses longues et cruelles infirmités ne lui laissèrent pas toujours le loisir de donner à ses vers tout le fini désirable, et c’est sans doute pour ce motif qu’il s’est permis d’emprunter à ses devanciers des morceaux entiers, entre autres à Thomas Corneille qu’il a dépouillé ainsi, sans en rien dire, de plus de quinze cents vers. On a dit avec raison qu’il se laissait aller à toutes les illusions de l’amour- propre ; sa vanité du reste, bien qu’excessive, ne manquait pas d’une certaine naïveté , et la bonhomie en tempérait un peu l’expressiou. « Quel talent ne fâut-il pas pour traduire Ovide ! s’écriait-il. Combien cette délicatesse de détails m’a coûté d’efforts !... on ne peut égaler les anciens qu’à la condition de les surpasser. » Saint-Ange n’a pas achevé la traduction poétique d’Ovide : voici ce qu’il en a publié -. Les Métamorphoses (Paris, 1778-89,