Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 1, trad. Loève-Veimars, 1832.djvu/243

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probable qu’elle ne pourra plus chanter une note dans toute sa vie.

À ces mots, le maître de chapelle enfonça ses dix doigts dans ses cheveux avec un tel désespoir qu’un nuage de poudre se répandit autour de lui ; il parcourut la chambre dans une agitation extrême, et s’écria : — Ne plus chanter ! ne plus chanter ! Bettina ne plus chanter ! Toutes ces charmantes canzonnettes, ces merveilleux boleros, ces ravissantes seguidillas, qui coulaient de ses lèvres comme des ruisseaux de miel ; tout cela serait mort ? Elle ne nous ferait plus entendre ces doux agnus, ces tendres benedictus ? Oh ! oh ! — Plus de miserere qui vous purgeaient de toutes les idées terrestres, et qui m’inspiraient un monde entier de thèmes chromatiques ? — Tu mens, docteur, tu mens ! l’organiste de la cathédrale, qui me poursuit de sa haine depuis que j’ai composé un qui