Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 3, trad. Loève-Veimars, 1832.djvu/77

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La providence voulut, dans ses mystérieux décrets, que le chef de l’état fût enlevé à son peuple dans ce moment d’affliction générale. Le doge Andréa Dandolo, que les Vénitiens nommaient leur cher petit comte, il caro contino, mourut accablé du poids de ses soucis et de ses travaux. Il était généralement chéri, car il ne passait jamais sur la place de Saint-Marc, sans distribuer aux uns des consolations et des conseils, et aux autres des secours et de l’argent ; et lorsque les cloches de la grande église annoncèrent sa mort par leurs sons lugubres et prolongés, ce fut une désolation universelle. Les Vénitiens avaient perdu leur appui, leur espérance ; ils n’avaient plus qu’à courber la tête sous le joug des Génois : c’est ainsi qu’on se lamentait, et cependant la perte de Dandolo ne changeait en rien la situation extérieure de la république. En effet, le bon