Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/10

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à mes yeux d’une clarté propice : je les attends avec une impatience sans égale ; je deviens meilleur, plus ingénu que pendant tout le reste de l’année ; mon âme, pleine d’un pur sentiment de volupté céleste, ne nourrit plus aucune pensée sombre ni haineuse ; je redeviens un enfant enivré de plaisir. De gracieux visages d’anges me sourient du milieu des figurines bigarrées et dorées qui garnissent les boutiques resplendissantes de la Noël ; et à travers le bruit confus de la foule, j’entends retentir, comme à une grande distance, les merveilleux accords des orgues saints. Car il nous est né un enfant !

Mais après la fête tout redevient morne et silencieux, et à ces vives splendeurs succède une triste obscurité. Chaque année les fleurs fanées s’accumulent de plus en plus à nos pieds : leur germe est mort pour l’éternité, aucun soleil de printemps ne viendra ranimer d’une vie nouvelle leurs tiges desséchées. — Je le sais fort bien, mais l’esprit malin trouve une joie secrète à m’en rabattre ironiquement les oreilles chaque fois que l’année approche de son déclin. Vois, murmure-t-il tout bas, combien de jours encore ont fui loin de toi pour ne jamais revenir ; mais en revanche aussi te voilà devenu plus raisonnable, et tu ne fais plus grand cas en général des vains plaisirs du monde ; chaque jour au contraire te rend plus grave, plus posé, — tout-à-fait maussade !

En outre, pour la nuit de Saint-Sylvestre, le Diable me réserve toujours quelque aubaine particulière. Il s’entend à m’enfoncer à point nommé et