Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/134

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

expériences, et la stupéfaction la plus profonde peinte sur sa figure. Toute la société s’était rassemblée autour du petit Cinabre, qui, appuyé sur sa canne par derrière, se tenait fièrement sur la pointe des pieds, et recevait avec un regard hautain les félicitations dont il était accablé. L’attention fut provoquée de nouveau par le professeur qui faisait encore un petit tour de physique fort récréatif. Mais à peine l’eut-il terminé, que tout le monde se retourna vers le petit en s’écriant : « Charmant ! parfait ! cher monsieur Cinabre ! » Enfin, Mosch Terpin lui-même s’élança vers le petit et cria dix fois plus fort que les autres : « Charmant ! - parfait ! cher monsieur Cinabre ! » —

Au nombre des assistants se trouvait le jeune prince Grégoire qui étudiait à l’Université. C’était un des plus charmants cavaliers qu’on pût voir ; et il montrait dans toutes ses manières tant de noblesse et d’aisance, qu’on reconnaissait clairement sa haute origine et son habitude de fréquenter les cercles les plus distingués. Or, le prince Grégoire était celui qui se montrait le plus empressé auprès de Cinabre, et qui le louait au-delà de toute mesure comme le poète le plus rare et le plus habile physicien.

Ils formaient ainsi l’un auprès de l’autre un groupe du plus singulier aspect. Près de l’élégant Grégoire, le petit homme rabougri, qui, le nez tendu en l’air, pouvait à peine se tenir droit sur ses jambes exiguës, offrait un contraste surprenant. Les regards de toutes les femmes étaient dirigés de leur côté, non sur le prince, mais sur le nain, qui ne cessait de se