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QUATRIÈME CHAPITRE

Comment le violoniste italien Sbiocca menaça le sieur Cinabre de le jeter dans la contrebasse, et comment le référendaire Pulcher ne put pas arriver aux affaires étrangères. — Des officiers de la douane, et des prodiges mis en reserve pour l’usage privé de la maison. — Incantation de Balthasar par une pomme de canne.

Assis sur un rocher escarpé et couvert de mousse, dans l’endroit le plus solitaire du bois, Balthasar regardait, tout pensif et d’un œil fixe, au-dessous de lui, où un torrent écumeux mugissait dans un profond ravin au milieu de fragments de roche et de broussailles touffues. De sombres nuages couraient dans le ciel et allaient se plonger à l’horizon, derrière les monts ; le bruissement des eaux et du feuillage résonnait comme une sinistre lamentation, et les oiseaux de proie faisaient retentir leurs cris aigus en s’envolant de leurs sombres retraites dans le vaste espace de l’air, où ils semblaient poursuivre les nuages fugitifs.

Balthasar croyait entendre dans ces bruits étranges et confus la voix plaintive de la nature éplorée ; il lui semblait qu’il dût succomber lui-même à cet excès de désolation, et tout son être était absorbé dans la sensation déchirante d’une douleur atroce